Les kystes uvéaux sont formés soit à partir de l’épithélium pigmenté postérieur de l’iris, soit à partir du neuro-épithélium non pigmenté du corps ciliaire. Ils se détachent souvent, mais pas systématiquement, du tissu qui leur a donné naissance pour passer dans l’aire pupillaire et flotter librement dans la chambre antérieure. Ils s’accumulent alors sous l’effet de la gravité dans la partie ventrale de la chambre antérieure. Leur pigmentation est en général marquée (de marron à noire) lorsqu’ils proviennent de l’épithélium postérieur de l’iris, ou au contraire faible à transparente pour ceux issus des corps ciliaires, comme cela est observé chez le dogue allemand.
D'où viennent les kystes uvéaux ?
Les kystes uvéaux chez le chien peuvent être d’origine congénitale ou acquise. Les kystes congénitaux se forment lors de l’embryogenèse et ils semblent se développer en raison d’une apposition incomplète des deux couches de neuro-épithélium pendant l’involution de la vésicule optique, formant ainsi une cavité qui se remplit de liquide. Le mécanisme précis d’accumulation de liquide et sa composition sont mal connus (composition proche de l’acide hyaluronique). Le fluide serait sécrété par la membrane du kyste et l’humeur aqueuse se diffuserait également à travers celle-ci.
Concernant les kystes acquis, un traumatisme ou une uvéite pourraient en être la cause, mais leur origine précise demeure inconnue. Un syndrome qui associe une uvéite, un glaucome secondaire et la présence concomitante de kystes iridociliaires est décrit chez le golden retriever et le dogue allemand.
Comment mon vétérinaire les visualise ?
La visualisation des kystes uvéaux est aisée lorsqu’ils flottent dans la chambre antérieure ou lorsqu’ils apparaissent dans l’axe visuel, encore adhérents à la marge pupillaire. Une dilatation est parfois nécessaire pour observer certains kystes des corps ciliaires et de la face postérieure de l’iris. D’autres, situés dans la zone de la pars plicata ou entre l’iris et les corps ciliaires, sont parfois difficiles à voir, même après une mydriase, surtout s’ils sont de petite taille. Le recours à l’échographie haute fréquence (10 et 20 MHz) peut alors se révéler utile pour les mettre en évidence. Dans la mesure où la majorité des kystes uvéaux sont pigmentés, il est important de réaliser un diagnostic différentiel avec une tumeur (par exemple un mélanome intra-oculaire ou une tumeur épithéliale des corps ciliaires). Les kystes uvéaux, de par la nature unicellulaire de leur fine membrane, se laissent en général transilluminer, ce qui permet de les distinguer d’une tumeur, de nature solide et non transilluminable. En outre, le développement d’une tumeur intraoculaire s’accompagne souvent d’autres signes cliniques tels qu’une inflammation ou une modification de la pression intra-oculaire. Dans les cas qui demeurent douteux, l’échographie peut être utile pour confirmer le diagnostic de kyste irien en mettant en évidence une cavité anéchogène remplie de liquide.
Les kystes uvéaux sont ils dangereux pour le chien ?
Dans la majorité des cas, les kystes uvéaux sont bénins et n’entraînent pas de gêne particulière. Cependant, des troubles dus à leur présence peuvent exister. En premier lieu, lorsqu’ils augmentent de taille progressivement, ils peuvent envahir l’axe pupillaire et gêner la vision. Il en est de même avec l’accumulation importante de kystes mobiles dans la chambre antérieure. Ensuite, leur fine membrane peut parfois se rompre, entraînant le dépôt de pigment sur l’endothélium cornéen ou l’iris.
Lorsque le kyste atteint une taille importante, il peut frotter l’endothélium cornéen et abîmer mécaniquement celui-ci. En outre, chez le golden retriever et le dogue allemand, une association entre un glaucome et la présence de kystes uvéaux multiples a été observée. Dans ces cas, les nombreux et volumineux kystes situés derrière l’iris et formés à partir des corps ciliaires semblent pousser mécaniquement l’iris vers l’avant, rétrécissant l’angle iridocornéen et favorisant ainsi l’apparition d’une hypertension oculaire. Chez de nombreux animaux, les kystes uvéaux sont découverts de manière fortuite et ils ne nécessitent souvent pas de traitement. C’est typiquement le cas des kystes mobiles en chambre antérieure quand ils sont peu nombreux et ne gênent pas la vision. Une surveillance annuelle est alors conseillée.
Quels traitements ?
Dans certains cas, un traitement est cependant nécessaire, lorsque la taille et/ou le nombre des kystes gênent la vision, quand un volumineux kyste endommage l’endothélium cornéen ou lorsqu’un glaucome lui est associé. La technique d’exérèse de ces kystes la plus simple consiste à les aspirer par une ponction/aspiration à l’aiguille fine, par une paracentèse dans la chambre antérieure sous anesthésie générale et après une désinfection méticuleuse du globe oculaire. La fine membrane et le liquide du kyste sont facilement aspirés. Cette technique est efficace et présente peu de risques.
Une autre solution, non invasive, consiste à éliminer les kystes en utilisant un laser diode (longueur d’onde de 810 nm, absorbée préférentiellement par les tissus contenant de la mélanine). L’énergie du faisceau laser est dirigée sur la paroi du kyste, via un ophtalmoscope indirect et une lentille de vingt dioptries. Cette méthode, réalisée également sous anesthésie générale, est utile en particulier pour les kystes situés postérieurement (adhérents à la face postérieure de l’iris et aux corps ciliaires), plus difficiles d’accès par la voie intra-oculaire. Cependant, cette technique trouve ses limites dans le cas particulier des kystes peu ou pas pigmentés des corps ciliaires chez le dogue allemand. En outre, une intervention chirurgicale de la cataracte par phacoémulsification peut être l’occasion d’éliminer d’éventuels kystes uvéaux, en les aspirant par la sonde d’irrigation/aspiration.