Les motifs de consultations en dermatologie vétérinaire

Les dermatites allergiques

Il y a quatre grand types de dermatite allergique : 

1 / La dermatite atopique canine 

L’état atopique est une anomalie du système immunitaire qui prédispose un individu, animal ou humain, à se sensibiliser à des allergènes de l’environnement. Cela se manifeste par des signes cliniques caractéristiques. 

Les allergènes : principalement des acariens microscopiques, des pollens, des moisissures et éventuellement des squames présents dans l’atmosphère. 

Les signes cliniques : La dermatite atopique est essentiellement une maladie inflammatoire de la peau. L’âge d’apparition est situé entre 6 mois et 6 ans. Certaines races y sont prédisposées, comme, le bouledogue français, le Labrador retriever, le Golden retriever, le Boxer, le Labrit, les Setters et de nombreuses races de terriers (Cairn terrier, Westie…). Le prurit (sensation de démangeaison) est un symptôme constant. Les lésions sont discrètes au début mais il apparait rapidement un érythème (rougeur) de la face, des pavillons auriculaires, des pieds, de l’anus … L’animal se frotte, se lèche et se mordille. Les otites sont fréquentes. La dermatose se généralise et s’aggrave avec le temps, avec l’apparition de croûtes, d’une alopécie (chute de poils), d’un épaississement de la peau qui devient foncée, pellicules (squames) et forte odeur (séborrhée). Il peut y avoir des complications de pyodermite (infection de la peau par des bactéries, les staphylocoques) et de prolifération de levures (champignons) sur la peau (Malassezia). Les chiens atopiques sont également prédisposés à l’allergie aux piqûres de puces (DAPP). 

Le diagnostic : Une fois écarter l’hypothèse d’une allergie alimentaire qui peut se manifester par les mêmes symptômes que la dermatite atopique, le vétérinaire pourra alors rechercher d’éventuelles sensibilisations aux allergènes environnementaux par des tests cutanés (tests intradermiques) ou par une prise de sang (dosage d’anticorps). Même si les dosages d’anticorps dans le sang sont des tests de plus en plus performants, les tests intradermiques restent toujours et encore les tests de référence et permettent de plus un résultat quasi immédiat. Ces tests serviront à mettre en évidence le ou les allergènes. 

Le traitement : Le traitement de la dermatite atopique est complexe, il dépend de la cause de l’allergie et est adapté en fonction de chaque animal. 

2 / La dermatite par intolérance ou « allergie » alimentaire 

L’allergie alimentaire est une dermatite allergique provoquée par des allergènes ingérés par votre animal. 

Les allergènes : Ce sont principalement des protéines ou additifs contenus dans la ration alimentaire habituelle de l’animal ou dans ses « extras ». Quelques exemples : protéines de la viande de bœuf, produits laitiers, poulet, œufs, froment, etc. A noter que ces allergènes peuvent se retrouver dans les aliments industriels : croquettes, boites, … 

Les signes cliniques : l’animal doit ingérer plusieurs fois par mois l’aliment contenant les allergènes pour y être sensibilisé. Cela peut être rapide ou très long, c’est pourquoi nous ne pouvons déterminer d’âge exact auquel l’animal pourrait être atteint. Après sensibilisation, il suffit que l’animal ingère une seule fois une très faible quantité de l’aliment responsable pour déclencher l’apparition des symptômes cutanés. Le premier signe est le prurit (sensation de démangeaison). L’animal pourra alors se gratter, se lécher, se mordiller le corps, les oreilles, les pieds, les babines....Rapidement, des lésions cutanées pourront apparaître : croûtes, alopécie (chute de poils), séborrhée (pellicules, odeur inhabituelle parfois très forte), pyodermite (infection cutanée). 

Le diagnostic : Le seul moyen de diagnostiquer une allergie alimentaire est à ce jour de procéder à un régime d’éviction (d’élimination). Celui-ci consiste à donner à l’animal pendant un minimum de 8 à 10 semaines, une viande et un féculent qu’il n’a jamais mangés auparavant et auxquels il ne peut donc être sensibilisé ou bien, un aliment commercial à base d’hydrolysats, ceci afin de soustraire l’animal aux allergènes incriminés pendant un temps suffisant pour voir les symptômes cutanés disparaître ou s’atténuer. Aucun aliment autre que ceux choisis avec le vétérinaire n’est permis pendant cette période ; notamment friandises, « bonbons », os … Une petite erreur, si minime soit-elle fera échouer tout le processus. A l’issue de la période d’essai, si une amélioration sensible est notée, il faudra alors déterminer (avec l’aide du vétérinaire spécialisé en dermatologie) l’aliment qui était à l’origine de l’allergie. 

Le traitement : Il suffit de supprimer à jamais l’aliment incriminé de l’alimentation de l’animal. 

3 / La dermatite par allergie aux piqures de puces 

Les allergènes : Les puces. Dans le cas d’une infestation par les puces, celles-ci (adultes) vivent sur les animaux où elles se nourrissent de leur sang. Le repas sanguin déclenche la maturation des ovaires et la ponte. Les œufs sont pondus sur le pelage et tombent partiellement lorsque l’animal se déplace. Ces œufs évoluent vers des larves, qui forme un cocon et qui donne naissance à une jeune puce adulte affamée. Après leur repas, les puces émettent des excréments qui constituent une nourriture très appréciée par les larves. Le milieu de vie des puces est constitué toute l’année des locaux d’habitation (surfaces moquettées, tapis, parquets, coussins, lieux de couchage des animaux, …) 

Les signes cliniques : Une simple infestation par les puces (ou pulicose) peut entrainer un prurit (sensation de démangeaison) lié à la présence des parasites qui se déplacent sur le corps de l’animal ainsi qu’à l’action irritante de la salive injectée au cours de la piqûre. Le prurit est alors lié à la quantité de puces (discret ou bien apparent en fonction du seuil de tolérance de l’animal). 

La dermatite par allergie aux piqûres de puces (DAPP) est la plus fréquente des maladies de peau chez le chien et elle est également très fréquente chez le chat. Certains chiens et chats sont allergiques à la salive de la puce et, dans ce cas seulement, quelques piqûres peuvent déclencher une réaction violente de la part de l’animal : grattage, léchage, frottements répétés sur divers objets, mordillement entraînant de graves lésions. Celles-ci sont d’abord localisées à la zone dorso-lombaire mais peuvent s’étendre sur tout le corps ensuite : papules (bouton), érythème, squames, croûtes et alopécie. Le poil des régions enflammées prend souvent une teinte rougeâtre. Les lésions suintantes peuvent apparaitre secondairement, ainsi que, chez le chien, des infections bactériennes (pyodermites). Chez le chat est observé un toilettage excessif entraînant une perte de poils plus ou moins étendue. Parfois, la dermatose chez ce dernier prend l’aspect d’une multitude de petites croûtes (dermatite miliaire) ou de lésions suintantes et localisées responsables de léchage permanent (plaques ou ulcères). 

Le diagnostic : les puces sont parfois difficiles à trouver sur l’animal (notamment chez le chat qui en les ingèrent par le biais du toilettage excessif). La présence d’excréments dans les poils confirme leur passage. Les lésions observées sont souvent évocatrices. 

Le traitement : Il vise à éliminer les puces susceptibles d’entrer en contact avec l’animal. Chaque cas est particulier et nécessite que l’on multiplie les moyens de lutte. Seule une collaboration étroite vétérinaire-propriétaire permet d’aboutir généralement à un bon contrôle antiparasitaire. 

  • Traitement de l’environnement : Le milieu environnant héberge la quasi-totalité (80 à 95%) de la population des puces. Il faudra donc traiter tous les endroits favorables à leur développement : tapis, moquettes, parquets, lieux de couchage, etc. Pour cela, des pulvérisateurs ou sprays seront recommandés par le vétérinaire dermatologue. 
  • Traitement des animaux : il faudra traiter tous les animaux du foyer, même les congénères ne présentant aucun symptôme, et particulièrement les chats. On utilisera soit des « spot-ons et line-ons (pipettes) ou des insecticides « systémiques » (qui passent dans le sang) administrés par voie orale. 

Bien noter que les colliers antiparasitaires et les shampooings « insecticides » sont inefficaces. 

4 / Les dermatites de contact 

Plus fréquentes chez les hommes que chez les chiens ou les chats, grâce à leurs poils qui les protègent, les dermatites de contact sont une inflammation de la peau provoquée par des substances irritantes ou allergisantes au contact de la peau. 

Les allergènes / les substances irritantes : Il faut en effet faire la distinction entre substances irritantes et les substances qui ont un réel pouvoir allergisant. 

Les substances irritantes chez les chiens peuvent être des détergents, des insecticides topiques, des shampooings, des parfums.... Certaines substances peuvent provoquer des lésions après un premier contact et d’autres après plusieurs contacts comme les détergents par exemple. La concentration du produit irritant ainsi que la fréquence à laquelle ce produit est en contact avec l’épiderme joue sur le pouvoir irritant sur la peau. 

Les allergènes à proprement parlé sont des appelés des « haptènes ». Les allergies de contact principalement rencontrées, chez le chien notamment, le sont au bichromate de potassium contenu dans le ciment ou encore au caoutchouc/plastique (jouets, gamelles…) 

Une dermatite de contact peut être provoquée par tous les facteurs favorisant les contacts et la pénétration d’haptènes. En général, les dermatites de contact ne se manifestent pas avant l’âge d’un an car ce sont des contacts étroits et répétés qui entrainent le développement de la dermatite. 

Les signes cliniques : il peut y avoir des lésions localisées ou plus rarement des lésions généralisées. Les zones les plus exposées sont les doigts et le scrotum chez le mâle. Le prurit est un signe constant. Les lésions primaires sont inévitables : érythème, papules, plaques, parfois pustules, érosions/ulcères... En fonction de l’intensité du grattage, d’autres lésions peuvent apparaitre comme une alopécie et des croûtes. Enfin, nous pouvons observer une hyperpigmentation (noircissement de la peau) ou une lichénification (épaississement de la peau). 

Le diagnostic : En premier lieu, il faudra que les propriétaires recensent toutes les substances auxquelles l’animal est exposé régulièrement. C’est un travail long et fastidieux mais réalisable. Des tests épicutanés peuvent être aussi réalisés. 

Le traitement : C’est l’identification et l’éviction de l’allergène ou de l’irritant potentiel qui sera curative pour l’animal. 

Les dermatites a malassezia   

La dermatite à Malassezia est une maladie de la peau due à la multiplication de levures appelées Malassezia. 

Les allergènes : Les Malassezia sont des champignons unicellulaires de petite taille. Ces levures (champignons) sont des hôtes habituels de la peau du chien et du chat qui vont se multiplier et qui vont être éliminés par l’organisme par le biais de la chute des squames (pellicules) et aussi par les défenses immunitaires, chez un chien ou un chat sain. La dermatite à Malassezia apparaît lorsque l’équilibre entre la multiplication des levures et leur élimination est rompue. Celles-ci se retrouvent donc à la surface de la peau en trop grand nombre et deviennent pathogènes, ce qui peut être le cas dans de nombreuses dermatoses primaires (dermatites allergiques, troubles de la kératinisation, troubles hormonaux, cancers…) 

Les signes cliniques : Les adultes de tout âge peuvent être atteints. Certaines races y sont prédisposées : West Highland white terrier, Basset Hound, Teckel, Cocker anglais et américain, Caniche, Bergers allemand, Colley, Shetland, Shar peï… 

La dermatite à Malassezia peut être généralisée ou localisée : sur la tête (conduits auditifs, lèvres), et les parties ventrales du corps (cou, ars, abdomen, pieds, vulve et région anale). Les symptômes sont du prurit, érythème, papules (boutons) et macules (tâches). La peau peut aussi se pigmenter en noir (hyperpigmentation) si la maladie a évolué depuis un certain temps et/ou s’épaissir (lichénification). Enfin, un état kératoséborrhéique est présent : la peau et le pelage sont gras avec une forte odeur rance et de nombreuses squames et croûtes. 

Le diagnostic : Il est fondé sur l’histoire de la maladie, l’examen clinique et la mise en évidence de nombreuses Malassezia sur la peau. Pour les observer, des prélèvements de peau lésée sont effectués sur une lame que l’on observe ensuite au microscope. 

Le traitement : Il peut être systémique (par voie orale) et/ou topique (applications locales) selon le cas. 

Les pyodermites superficielles et profondes 

Une pyodermite est une infection bactérienne de la peau s’accompagnant d’une production de pus. Elle résulte de la multiplication excessive de bactéries au niveau cutané. 

Sur la peau de votre animal, il existe un nombre élevé de bactéries qui se multiplient sans entraîner de désagrément particulier (ce qui constitue la « flore cutanée normale » ou « flore commensale »). Il existe aussi des bactéries « potentiellement » dangereuses (flore transitoire) qui ne vont devenir pathogènes (agressives) que lorsqu’elles pourront pénétrer dans la peau et s’y multiplier. La barrière physique, chimique et biologique que constitue la peau est là pour lutter contre les agressions extérieures. Lorsque celle-ci est rompue, les bactéries pathogènes (staphylocoques la plupart du temps) peuvent envahir la peau. La barrière peut être rompue par des facteurs hygiéniques (mauvais entretien du pelage), anatomiques (sous-poil dense, plis de peau), dermatologiques (présence de dermatoses sous-jacentes comme une dermatose parasitaire, une dermatite allergique…), thérapeutiques (traitements antérieurs mal adaptés ou contre-indiqués) et même génétiques. 

Les signes cliniques : selon la localisation de l’infection bactérienne, on observera des signes cliniques variés. 

Il existe essentiellement deux grands types de pyodermite : 

  • Les pyodermites superficielles 
  • Les pyodermites profondes 
  • La mise en évidence de l’intervention de bactéries 
  • La recherche de la dermatose (affection de la peau) sous-jacente (si on la suspecte) à l’origine de la pyodermite 

« Intertrigos ou pyodermites des plis » (fréquents) : se traduit par un érythème, un suintement, des érosions et une suppuration. 

« Impétigos » (rares) : se traduit par des pustules, des bulles, et des croûtes. 

« Folliculites » (très fréquentes) : se traduit par des papules et des pustules centrées sur le poil, et des croûtes. 

« Furonculose » (grave) : se traduit par des pustules, furoncles, croûtes pus abondant et sanieux. 

« Cellulite » (très grave) : se traduit par des pustules, ulcères, croûtes, fistules, zones nécrotiques, pus abondant et sanieux. 

« Pyodermite interdigitée » : se traduit par une furonculose et/ou une cellulite particulière et localisée entre les doigts des pieds. 

Le diagnostic : Le diagnostic comporte deux étapes : 

Le vétérinaire le fait directement en consultation. Pour cela, il va rechercher une pustule sur le corps de l’animal et y frotter une lame afin que le contenu puisse être observé au microscope. Ceci est appelé un « examen cytologique ». Si la pyodermite est plus grave, on réalise en plus un prélèvement sur un écouvillon stérile afin de l’expédier à un laboratoire qui analysera le ou les germes impliqués. Ceci est appelé un « examen bactériologique ». A ce moment-là, nous rechercherons les antibiotiques les plus efficaces contre les bactéries isolées : c’est l’antibiogramme. 

D’autres examens devront être entrepris : raclages si une ectoparasitose (affection cutanée due à un parasite) est suspectée, un régime alimentaire ou des intradermoréactions si une dermatite allergique est suspectée, des explorations hormonales, des bilans sanguins et des biopsies cutanées, parfois même. 

Le traitement : en règle générale, il faut faire appel à la fois aux antibiotiques (topiques ou systémiques) et à la fois à des antiseptiques locaux pour traiter la pyodermite. Le traitement topique permet de s’attaquer en surface à l’infection bactérienne et contribue à nettoyer et assécher les lésions. Il se réalise à l’aide de shampooings ou de lotions antiseptiques. Le traitement antibiotique systémique, s’il est jugé nécessaire, sera donné par voie orale pendant au moins trois semaines (voire parfois jusqu’à 8 semaines dans les cas les plus graves). 

Attention, les corticoïdes sont strictement contre-indiqués dans tous les cas d’infection bactérienne. 

Les demodecies 

La démodécie est un trouble inflammatoire de la peau, dû à la prolifération dans les follicules pileux d’un acarien parasite : Demodex. Chez le chien sain, les Demodex sont présents en petit nombre et n’entrainent aucune lésion car ce parasite est un hôte normal de la peau. En revanche, chez les chiens atteints, ils prolifèrent de façon anormale dans les follicules pileux. Dans les formes graves, cette multiplication incontrôlée a pour origine une déficience immunitaire de l’animal. Celle-ci est plus souvent génétique et l’on sait que certaines lignées y sont prédisposées. Toutes les races peuvent être touchées mais les bouledogues français, carlins et bulldogs anglais sont plus susceptibles de l’être. La maladie se déclare souvent chez le jeune chien. La démodécie n’est contagieuse ni à l’humain ni aux autres animaux. 

Les signes cliniques : Diverses manifestations de la maladie sont connues : 

  • La démodécie localisée : 
  • L’ododémodécie : 
  • La pododémodécie : 
  • La démodécie généralisée : 
  • La pyodémodécie : 

Elle affecte le plus souvent les jeunes chiens de moins d’un an. Elle est caractérisée par l’apparition d’une ou plusieurs lésions circulaires, dépourvues de poil (alopécie), la peau peut être hyperpigmentée (noire) ou érythémateuse (rouge). On peut également y observé de nombreux squames (pellicules) et comédons (points noirs). La face et les membres antérieurs sont souvent impliqués. 

Elle se traduit par une otite cérumineuse bénigne si elle est isolée mais peut être plus grave si elle est associée à d’autres lésions corporelles. 

C’est la démodécie localisée aux pieds. Attention car peut se compliquer gravement avec une infection bactérienne profonde si elle n’est pas traité à temps. On observe alors des furoncles (grosses pustules). 

C’est la forme la plus grave de la maladie, qui peut menacer la vie de l’animal si aucun traitement n’est mis en place rapidement. Elle atteint surtout les animaux de pure race : Bobtail, Collie, Lévrier Afghan, Berger Allemand, Cocker, Doberman, Pinscher, Dogue Allemand, Bulldog Anglais, Shar Peï, Beagle, Pointer et Carlin. Le poil se fait de plus en plus rare sur l’ensemble du corps puis la peau devient souvent érythémateuse par la suite et se recouvre de squames et de croûtes. Dans d’autres cas, seulement des tâches hyperpigmentées sont observées. 

Souvent, la démodécie généralisée lorsqu’elle n’est pas prise suffisamment tôt, se complique d’une surinfection bactérienne. Des lésions de pyodermites sont alors observées : pustules ( voire furoncles), fistules, ulcères (cellulites) d’où s’écoule souvent un pus. A ce stade, l’animal est douloureux. 

Le diagnostic : L’examen complémentaire essentiel est le raclage des lésions à l’aide d’une lame de bistouri. On cherchera alors, à l’aide du microscope des Demodex adultesainsi que des formes immatures (larves, nymphes, œufs). 

Le diagnostic est établi lorsque les parasites pullulent. De nombreux raclages seront effectués sur plusieurs parties du corps. Ils seront répétés en cours de traitement afin d’évaluer l’évolution de la dermatose. 

L’examen de cérumen prélevé dans les oreilles atteintes d’otite peut aussi révéler la présence de Demodex. 

Le traitement : Toute forme de corticoïdes est définitivement contre-indiquée car ceux-ci diminuent la réponse immunitaire et pourraient aggraver la maladie. Lorsqu’une infection bactérienne est concomitante, elle doit être rapidement traitée à l’aide de shampooings antiseptiques et d’antibiotiques. 

Un traitement acaricide doit être réalisé sur tout animal atteint de démodécie généralisée, de pododémodécie ou d’otodémodécie. Pour cela, un acaricide systémique (par voie orale) sera administré quotidiennement. Le pourcentage de guérison est proche de 100%. Dans tous les cas, le traitement dure plusieurs mois et ne pourra être interrompu si le vétérinaire ne confirme pas que le l’animal est sorti d’affaire. 

Dermatoses auto-immunes 

Il existe plusieurs maladies auto-immunes mais nous parlerons principalement de pemphigus foliacé et de lupus cutané. 

- Le pemphigus foliacé  

C’est la maladie auto-immune cutanée la plus fréquente chez le chien et le chat. Les animaux de tout âge peuvent être concernés. Des races y sont prédisposées comme l'Akita Inu, le Cocker Spaniel, le Chow Chow, le Colley, le Teckel et le Doberman. 

Lors de pemphigus, chez le chien, la protéine desmocolline 1 est attaquée par des anticorps produits par l’organisme lui-même, ce qui engendre une perte de cohésion entre les cellules épidermiques (cellules superficielles de la peau) et provoque l’apparition de pustules. Chez le chat, la protéine concernée reste à déterminer. 

Les signes cliniques : Chez le chien, des lésions (pustules, croûtes et érosions) sont d’abord visibles généralement sur la face de l’animal. Celles-ci peuvent s’étendre sur tout le corps si la maladie n’est pas traitée avant. 

Chez le chat, souvent, seules des croûtes jaunes et épaisses sont visibles sur les doigts, les pavillons auriculaires et la face. Les pustules sont rarement observées. 

Le diagnostic : un examen cytologique d’une pustule ou réalisé sous une croûte peut orienter le diagnostic mais la biopsie est impérative car elle permet une vue d’ensemble de la structure de l’épiderme. 

Le traitement : Des molécules immunosuppressives doivent être utilisées. Ce traitement peut engendrer des effets secondaires parfois sérieux. Un suivi avec votre vétérinaire sera donc régulièrement nécessaire. 

- Le lupus cutané 

Le lupus érythémateux cutané (LEC) ou anciennement discoïde (LED) est considéré par certains comme une variante bénigne du lupus érythémateux aigu disséminé qui est une maladie multisystémique à médiation immune caractérisée par la production d’auto-anticorps formant des immuns complexes. Le LEC est rencontré plus fréquemment chez les chiens de race Colley, Shetland et Berger Allemand. 

Les signes cliniques : Les lésions peuvent se développer sur les lèvres, la truffe, les paupières, les pavillons auriculaires et moins fréquemment au niveau des organes génitaux. Elles sont caractérisées par un érythème, une dépigmentation, des érosions/ulcérations, des squames et des croûtes. 

Le diagnostic : Le diagnostic de la maladie est souvent délicat et repose notamment sur l’élimination d’une pyodermite particulière (la pyodermite des jonctions cutanéo-muqueuses) qui imite ( et vient compliquer souvent) les lésions de lupus érythémateux cutané. Un examen histopathologique à partir de biopsies réalisées sur les sites lésés est nécessaire. 

Le traitement : L’éviction solaire est importante car elle aggrave la maladie. Le traitement sera défini en consultation en fonction de la gravité et du degré d’extension des lésions, mais généralement, un traitement immunomodulateur topique et/ou systémique est entrepris. 

Les tumeurs cutanées 

Parmi les tumeurs cutanées il en existe quatre que votre vétérinaire et le dermatologue vont rencontrer plus fréquemment: l’histiocytome cutané canin, le carcinome épidermoïde cutané, le mastocytome cutané et le lymphome cutané. 

L’histiocytome cutané canin 

C’est généralement une tumeur cutanée que l’on trouve sur les jeunes chiens. Elle est due précisément à la prolifération anarchique de cellules de Langerhans (cellules impliquées entre autres dans le système de défense de la peau). La plupart du temps la tumeur est bénigne et régresse petit à petit spontanément, sauf en cas d’histiocytome multiple et persistant auxquels les Shar-Peï sont prédisposés. 

Les signes cliniques : les lésions se présentent le plus souvent sous la forme de nodules intradermiques isolés, plutôt fermes et bien délimités, de coloration rosée, dont la surface peut parfois s’ulcérer. Le plus souvent, les nodules sont visibles sur la face, les pavillons auriculaires et les membres. 

Le diagnostic : un examen cytologique souvent suffit mais parfoisune biopsie est nécessaire pour confirmer le diagnostic. 

Le traitement : Si l’histiocytome régresse spontanément, aucun traitement ne sera mis en place. Dans le cas d’histiocytome persistant et récidivant le traitement est plus invasif et consiste en son exérèse chirurgicale. 

  • Le carcinome épidermoïde cutané 

C’est une tumeur maligne des kératinocytes (cellules constitutives de l’épiderme) qui affectent essentiellement, mais pas uniquement, les zones les moins velues, les moins pigmentées et les plus exposées au soleil, comme la truffe, les pavillons auriculaires et les paupières. Cette tumeur est relativement fréquente chez le chat (un peu moins chez le chien) et notamment chez les chats blancs agés. 

Les signes cliniques : Que ce soit chez le chien ou chez le chat, cette tumeur se manifeste essentiellement sous la forme d’une lésion unique proliférative ou ulcérative qui saigne facilement. Chez le chien il faut signaler également que cette tumeur peut se développer au niveau d’un ou de plusieurs doigts (chez les chiens à robe noire notamment comme les schnauzers, les caniches noirs, les Labradors retrievers noirs), au niveau du lit de l’ongle et entrainer ainsi une tuméfaction du ou des doigts atteints accompagnée d’une déformation de la griffe voire sa chute. 

Le diagnostic : un examen cytologique par cytoponction, quand cela est possible, associé à un examen histopathologique réalisé à partir de biopsies cutanées du/des sites lésés sont diagnostic. 

Le traitement : L’exérèse chirurgicale complète et précoce est le traitement de choix de ce type de tumeur. Cependant, lors de lésions superficielles, un traitement au laser ou par cryothérapie constitue une alternative intéressante et moins délabrante pour l’animal. L’éviction solaire est également importante afin d’éviter l’apparition de nouvelles lésions. Le pronostic de ce type de tumeur dépend de sa taille et de son degré d’agressivité. 

  • Le mastocytome cutané 

Les mastocytomes sont des tumeurs issues des cellules appelées « mastocytes ». Ces cellules sont normalement présentes dans la peau et les tissus conjonctifs qui permettent de soutenir et de relier de nombreuses parties de l’organisme entre elles. C’est la tumeur cutanée la plus répandue chez le chien. Il n’y a pas d’âge chez l’animal pour développer cette tumeur. Certaines races y sont prédisposées comme le Shar Peï, le Boxer, l’Epagneul breton ou le Boston terrier. 

Les signes cliniques : Une ou plusieurs masses cutanées érythémateuses sans poils et parfois ulcérées/hémorragiques sont observées. Ce cancer peut se manifester également associé à des signes généraux comme une perte d’appétit, une baisse de forme, des vomissements et des diarrhées. Lors de formes agressives, les organes internes peuvent être touchés (dû aux métastases). Chez le chat, les mastocytomes se manifestent sous forme de tumeurs cutanées comme chez le chien mais aussi sous forme de cancer généralisé au niveau de la rate ou de l’intestin. 

Le diagnostic : en consultation, une cytoponction devra être effectuée afin d’analyser les cellules de la lésion au microscope (examen cytologique) et de savoir si il s’agit ou non d’un mastocytome. Dans tous les cas lorsqu’il y a un doute quant à une dissémination de la tumeur (métastases), il faudra faire des examens complémentaires supplémentaires (échographie, ponction d’autres organes…). C’est le bilan d’extension. 

Le traitement : le vétérinaire vous expliquera la prise en charge de votre animal en fonction du grade et du stade de la tumeur ainsi que de l’état clinique de votre animal. Il existe plusieurs possibilités de traitements. Cela peut être chirurgical, ce qui sous-entend que le vétérinaire retirera la masse tumorale cutanée afin que la guérison puisse être certaine. Si la tumeur est agressive, la radiothérapie peut être utilisée. Enfin, la chimiothérapie peut être envisageable à l’aide de thérapies ciblées spécialement destinées à détruire les cellules cancéreuses. 

  • Le lymphome cutané 

Les lymphomes sont des tumeurs malignes qui touchent le système lymphatique qui assure la défense de l’organisme. Il existe deux formes de lymphomes cutanés : épithéliotrope (lymphome qui touche l’épiderme : la partie la plus superficielle de la peau) et non épithéliotrope (lymphome qui reste généralement cantonné dans le derme : la partie intermédiaire de la peau). Le Golden retriever est une race prédisposée à ce genre de cancer cutané. 

Les signes cliniques : beaucoup de signes cliniques peuvent traduire un lymphome cutané. Cela peut être uniquement des nodules dermiques ou sous cutanés mais aussi par des rougeurs, des démangeaisons, des squames, des croutes… 

Le diagnostic : comme le mastocytome, il sera essentiel de faire si possible une examen cytologique (grâce à une cytoponction d’un éventuel nodule qui sera lue au microscope) mais surtout une analyse histologique (à partir d’une biopsie). Un bilan d’extension sera à envisager si l’animal manifeste d’autres signes de la maladie avec des examens d’imagerie comme des radios, une échographie ou un scanner. 

Le traitement : le vétérinaire vous expliquera la prise en charge de votre animal en fonction du grade et du stade du cancer ainsi que de l’état clinique de votre animal. Il existe plusieurs possibilités de traitements. Différentes chimiothérapies peuvent être envisageables à l’aide de thérapies ciblées spécialement destinées à détruire les cellules cancéreuses. 

Les otites

L’otite externe est une inflammation du revêtement cutané du conduit auditif. L’otite externe peut évoluer sur un mode aigu (survenue brutale et récente) et, lorsqu’il y a répétition et que la cause n’est pas traitée, peut devenir chronique. 

Les causes d’otite externe : 

L’otite externe fait intervenir des facteurs prédisposants (particularités anatomiques, facteurs environnementaux, traitements inappropriés), des facteurs déclenchants et des facteurs perpétuants. 

1/ Facteurs prédisposants 

Il existe des prédispositions anatomiques : oreilles tombantes (Cocker, Teckel, …), pilosité abondante dans le conduit auditif (Caniche, Bichon, …), conduit auditif étroit (Shar peï, Bouledogue Français, …) ou hypersécrétion de cérumen (Berger Allemand, Berger belge, …). 

2/ Facteurs déclenchants 

Ce sont les véritables responsables d’apparition d’otite. Nous pouvons distinguer les parasites externes, les allergies (allergie alimentaire, dermatite atopique, allergie aux piqûres de puces), les corps étrangers, les troubles hormonaux et de la kératinisation et le développement des masses dans le conduit auditif. 

  • Parasites externes 

Le principal parasite responsable d’otite chez le chien et le chat est l’agent de gale Otodectes cynotis. L’otacariose (gale auriculaire) est plus fréquente chez le chiot et le chaton. Les autres parasites qui peuvent être responsables d’otites dans le cadre d’une dermatose généralisée sont les Demodex (chez le chien et le chat). 

  • Dermatites allergiques 

L’otite externe bilatérale peut être le signe, parfois même le seul, d’une dermatite allergique. C’est d’ailleurs la cause la plus fréquente d’otite chez le chien. 

  • Corps étrangers 

La présence d’un épillet de graminée peut être à l’origine d’une otite externe de survenue brutale, douloureuse et généralement unilatérale. Il faudra alors retirer l’épillet. 

  • Troubles hormonaux et troubles de la kératinisation 

Les troubles hormonaux et de la kératinisation entraînent une sécrétion excessive de cérumen dans le conduit auditif, favorable à la macération et à l’obstruction du conduit auditif. 

  • Tumeurs 

On découvre parfois une masse dans le conduit auditif (polype, kystes, voire tumeur bénigne ou maligne) créant une obstruction à l’origine de l’inflammation. 

2/ Facteurs perpétuants 

Le conduit auditif inflammé peut être le siège de proliférations de bactéries et/ou levures qui entretiennent et aggravent l’otite. Les bactéries les plus fréquentes sont des Staphylocoques. 

Les signes cliniques : L’otite peut être unilatérale ou bilatérale. On observe un prurit auriculaire : le chien ou le chat se gratte, se frotte la face et les oreilles, se secoue la tête et manifeste parfois une douleur. L’odeur est souvent plus forte. 

Deux types d’otites sont observés : les otites cérumineuses ou suppurées. 

Les otites érythémato-cérumineuses prédominent largement en se manifestant par un érythème (rougeur) du pavillon et du conduit auditif associé à une sécrétion excessive de cérumen. 

Les otites suppurées sont caractérisées par un érythème et une odeur intense avec du pus. Elles sont généralement le signe de la chronicité d’une otite. 

Le diagnostic : La démarche diagnostic comporte 4 étapes : 

-Examen à l’otoscope : il permet de visualiser le conduit auditif et le tympan de chaque oreille et de mettre en évidence des anomalies anatomiques du conduit auditif, un corps étranger ou une masse, la présence de cérumen abondant, les remaniements inflammatoires et éventuellement des lésions du tympan. 

-Examen au microscope : L’examen direct du cérumen au microscope permet la recherche de parasites. L’examen cytologique (après coloration et à fort grossissement) permet la mise en évidence de bactéries et de levures en surnombre. 

  • Le diagnostic d’une otite moyenne : Lorsqu’on suspecte une otite moyenne, d’autres examens complémentaires doivent être mis en œuvre : paracentèse (prélèvement dans l’oreille moyenne), examen radiographique et/ou tomodensitométrique (scanner). 
  • La recherche et le contrôle d’une maladie sous-jacente 

Il faut alors entreprendre d’autres examens complémentaires : un régime d’éviction alimentaire ou des intra-dermo-réactions (si une dermatite allergique est envisagée), ou une exploration hormonale. 

Le traitement : 

  • Nettoyage de l’oreille : Indispensable, il permet d’éliminer les débris, le cérumen et le pus s’il y en a. Il est fortement déconseillé d’utiliser des bâtonnets ouatés (coton-tige) et des solutions détergentes (alcool, eau oxygénée, éther). 
  • Traitement local : une otite se traite spécifiquement en fonction de chaque cas. Le choix du produit sera déterminé par le vétérinaire qui le prescrira en fonction des antibiotiques, antifongiques ou anti-inflammatoires nécessaires. 
  • Traitement par voie générale : Il peut être nécessaire lors d’otite chronique et/ou moyenne d’utiliser un traitement par voie générale.
  • Traitement de la cause sous-jacente : lorsqu’une maladie sous-jacente est diagnostiquée, il faut toujours la traiter de manière spécifique. Seule la prise en charge des causes déclenchantes permet d’éviter les rechutes et l’extension à l’oreille moyenne. 

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